LA Toiture végétaleIntensive, semi-intensive ou extensive, la toiture végétalisée est aujourd’hui intégrée aux habitudes de construction des pays nord-européens. Gage d’économie et d’esthétisme, ce système a également fait ses preuves d’un point du vue environnemental.
Rétenteur d'eau de pluie, assainisseur et humidificateur d'air, isolant thermique et acoustique, ce procédé écologique, qui participe au confort de l'habitat vient aujourd'hui redessiner nos villes...
Le principe de toiture végétalisée (dit « toit vert » ou « toit végétal ») consiste à isoler un bâtiment en le couvrant de terre et de végétaux. Adopté par l'Allemagne au milieu des années 80, ce concept s'est rapidement étendu dans les pays d'Europe du Nord et du continent Nord-américain.
Pour la France, c'est seulement au début des années 90, que, soutenue par les industriels de l'étanchéité et grâce à une prise de conscience environnementale, la toiture végétalisée vint transformer les zones urbaines de l'Hexagone. Les principaux demandeurs aujourd'hui sont les marchés publics, mais les maisons individuelles peuvent aussi en bénéficier.
Les différents types de toitures végétalisées
Il existe trois types de toitures végétalisées :
- la toiture végétalisée intensive : elle équivaut à une véritable terrasse jardin, bordée d'arbres et de végétaux de grande taille ;
- la toiture végétalisée semi-intensive, comparable à un espace décoratif de toiture faite de plantes couvre-sol par exemple ;
- la toiture végétalisée extensive (TVE), c'est-à-dire une couverture végétale permanente.
Selon le type de support, la végétalisation d'une toiture peut être appliquée aux :
- garages privatifs,
- toitures industrielles,
- toitures plates accessibles ou non accessibles,
- toitures en pentes allant jusqu'à 20 %, toitures créatives,
- toitures-terrasses existantes (support béton).
Selon sa nature et sa définition technique, l'élément porteur de la toiture doit supporter des charges plus ou moins lourdes. Ainsi, parmi les supports existants, trois seulement peuvent soutenir une toiture végétalisée : le béton, l'acier et le bois. Parmi eux, seul le béton convient à l'installation d'une toiture végétale intensive. En revanche, tous ces matériaux pourront soutenir la pose de toitures semi-intensives et extensives.
LA gestion de l'eau
Absorbeur de son et de chaleur, la toiture végétalisée capture également une partie des eaux de pluies. Une portion de l'eau récupérée nourrit directement les plantes, une autre est évaporée et la dernière est évacuée vers le réseau d'eau urbain, plus tardivement que l'eau des toits traditionnels.
Cette rétention d'eau diffère en fonction des saisons (elle est plus importante au printemps qu'en hiver) et de l'ancienneté de l'installation. En effet, une toiture longtemps exposée aux fortes pluies piègera inévitablement moins d'eau qu'une toiture exposée à une période de sécheresse.
Les caractéristiques des toitures (densité des filtres, type de végétation, degré de pente du toit...) jouent également sur cette capacité de rétention. Par exemple, plus le substrat utilisé pour l'application de la toiture végétalisée est épais, plus la rétention d'eau sera importante. Cependant, la combinaison d'un substrat moins épais et d'une couche drainante adéquate permet d'augmenter la capacité de rétention d'eau.
Finalement, les toitures végétalisées peuvent absorber de 50 % à 70 % des eaux de pluie annuelles. Cette saturation évite de saturer les réseaux d'eau en cas d'orages. Des « toitures vertes » dont l'épaisseur du substrat est inférieure ou égale à 100 mm réduisent le débit d'eau de 30 à 50 %. Les toitures à végétalisation intensives réduisent quant à elles de 70 % le débit d'eau !
Enfin, la rétention d'eau de pluie écarte efficacement les risques de propagation d'un incendie d'un toit vers l'immeuble, et inversement.
La toiture végétalisée et l'étanchéité
Plusieurs études techniques l'ont démontré : la végétalisation de la toiture préserve durablement son système d'étanchéité. Une mise en œuvre efficace permettrait en effet d'en doubler sa durée de vie !
Pour une étanchéité durable et résistante, la toiture végétalisée doit prendre en compte plusieurs facteurs :
- le choix de la végétalisation (selon la dimension, la nature des éléments porteurs et la hauteur des reliefs) ;
- le taux de couverture souhaitée, ainsi que les périodes de mises en œuvre ;
- le choix des constituants (isolants thermiques, revêtement anti-racines) ;
- la mise en place d'un système d'entretien planifié, réparti entre l'entreprise d'étanchéité et le maître d'ouvrage.
En réalité, sans protection, les systèmes d'étanchéité appliqués sur les toitures subissent l'affront des UV, des chocs thermiques et des changements climatiques. Si elle est faite dans les règles, la végétalisation apporte une résistance spécifique aux toitures qu'elles recouvrent.
Ainsi, selon l'ADIVET (Association pour le Développement et l'Innovation de la Végétalisation des Toitures), la température enregistrée sur un système d'étanchéité pourrait être réduite de plus de 50 % grâce à la végétalisation de la toiture (on passerait en effet d'une température comprise entre 60 et 75 °C, à une température allant de 25 à 35 °C).
La toiture végétalisée et le confort urbainC'est au cœur de la ville que toutes les propriétés d'une toiture végétalisée pourront s'exprimer.
La pose des toitures végétalisées en zone urbaine améliore en effet considérablement la qualité de l'air ambiant. Absorbeur des différents polluants anthropiques, ce système permet de diminuer les gaz à effets de serre contenus dans l'atmosphère.
La végétalisation, fonctionnant comme une éponge, fixe le CO2 par le processus de photosynthèse et retient les poussières brassées par l'air.
Ainsi, plusieurs pays comme l'Allemagne et le Canada utilisent cette méthode à échelle nationale pour combattre efficacement la pollution.
Par ailleurs, les toitures végétalisées humidifient l'air par évapotranspiration et apportent un peu de fraîcheur à l'atmosphère. Alors que les toitures classiques renvoient directement dans l'air la chaleur concentrée dans les rayons solaires, les toitures végétalisées la captent et la renvoient sous forme de vapeur. Tandis que le climat urbain s'assèche ostensiblement et que les températures s'élèvent de 4 à 6 °C, la végétalisation des toitures apporte donc à la ville tous les bienfaits de la nature.
C'est également une véritable solution participant à la diminution des nuisances sonores que l'on subit en ville. Véritable barrière acoustique, les toitures végétalisées absorbent les bruits (de 15 à 20 décibels en moyenne), offrant aux citadins, en intérieur comme en extérieur, un confort auditif indéniable. On a d'ailleurs pu constater que ce système pouvait accroître l'isolation acoustique aux bruits aériens.
Enfin, véritable isolant thermique naturel, la toiture végétalisée permet aux bâtiments qui en sont équipés de se protéger du rayonnement solaire généralement absorbé par la pierre. La maison est ainsi préservée de la chaleur en été et des déperditions thermiques en hiver.
Un atout esthétique
Arbres, gazon, végétaux de grandes et petites tailles, les toitures végétalisées transforment le paysage urbain. La nature retrouve enfin sa place dans la structure minérale de la ville, et offre un nouveau cadre de vie aux résidents.
Comme on peut déjà le remarquer dans les pays qui l'ont intégré à leurs habitudes de construction, les toitures végétalisées transforment le paysage.
C'est une véritable communion qui est établie entre la pierre et les végétaux, réintégrant, en hauteur, les espaces verts initialement recouverts par les bâtiments.
La toiture végétalisée participe activement aux économies d'énergie. Nécessitant peu d'entretien, cette solution durable répond de plus en plus aux attentes des français, comme en témoignent les chiffres sans cesse croissants. On est ainsi passé de 65 000 à 300 000 m² entre 2002 et 2006, soit une progression de 50 % par an. A la vue de cette augmentation spectaculaire, on prévoit que la superficie des toitures végétalisées en France dépasse 1 000 000 de m² d'ici 2010.
Le CSTB se mobilise pour que la végétalisation des toitures fasse l'objet d'évaluations techniques formulées par les experts de la Commission chargée des avis techniques (CCFAT). Un premier Avis technique instruit en novembre 2006 par le CSTB a ouvert la voie.
